À Port de Bouc, le septième art fait ses classes

À Port de Bouc, les activités dédiées aux plus jeunes ne manquent pas durant les périodes de vacances. Pour celles de printemps, Le Méliès a mis en place un nouvel atelier « TV Boucal », auquel ont participé des jeunes du centre social Lucia Tichadou. 

« Oh c’est lourd ! » Dans la cour située derrière le Méliès, une jeune fille d’une dizaine d’années s’efforce tant bien que mal de maintenir la perche équipée d’un micro bien en l’air. L’enjeu est de la maintenir hors champ de caméra et au-dessus de son camarade à l’image. « Vive la République ! Que Macron soit élu mais surtout, que Le Pen ne le soit pas. » Mélinda lui demande de patienter. « Tu dis moteur quand tu es prêt, ça veut dire qu’on peut tourner », indique-t-elle au caméraman, lui aussi cinéaste en herbe. 

Les trois enfants sont inscrits au centre social Lucia Tichadou. Ces 19 et 20 avril, ils ont profité de l’atelier d’initiation au film documentaire, appelé « TV boucal », que propose celui-ci en partenariat avec Le Méliès. Mélinda et Amandine, toutes les deux dans l’écriture et réalisation de documentaires, encadrent le groupe de dix. Les participants sont scolarisés en CM1 et CM2. Ces journées d’initiation sont pour eux une belle opportunité de découvrir du matériel auquel ils n’ont pas forcément eu accès encore. « On essaie d’organiser cet atelier tous les ans, à hauteur de cinq ou six reportages », détaille Ylange Roy, chargée de développement pour Le Méliès. « Nos intervenants sont des collectifs de cinéastes comme La Buissonnière (Marseille) ». 

De la rigolade au sérieux

Mardi, les cinéastes amateurs ont entamé leur initiation par une prise en main du matériel. « On leur montre ce qu’est une caméra, comment elle fonctionne, on leur fait tester », développe Amandine. Deuxième exercice : le repérage de décor. « On leur a demandé d’identifier des lieux importants de Port de Bouc selon eux et qu’ils auraient envie de filmer », poursuit Mélinda. Place ensuite au tournage de fictions « liées à l’émotion sur le mode du film muet. » 

Mercredi, les dix enfants se sont rendus au marché de La Lèque pour un micro-trottoir. Seulement âgés de 9 à 11 ans, les jeunes Port de boucain.es ont souhaité choisir le second tour de la présidentielle pour questionner les badauds. « On a déjà eu la moitié du groupe une fois. C’est chouette parce que ceux qui y ont participé se souviennent comment ça marche : ils savent que beaucoup ne voudront pas leur répondre mais ils savent que d’autres accepteront. Ils donnent des conseils à ceux dont c’est la première », constate Mélinda. « Ça leur apprend à aller au-delà de leurs peurs. » L’atelier se ponctue par une séance de visionnage et montage des deux journées de tournage, un moment attendu assure Amandine : « Ils aiment regarder le fruit de leur travail et en discuter. »

Tantôt en train de s’amuser devant la caméra, tantôt concentrés à bien cadrer ce qu’ils filment et attentifs aux réponses de l’interviewé, les enfants du centre social Lucia Tichadou ont manifestement apprécié cette rencontre avec le cinéma documentaire. Les autres jeunes Port de boucain.es auront à tour de rôle l’occasion eux/elles aussi d’y participer.

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