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30 ANS DE LA MÉDIATHÈQUE

30 ANS, C'EST DÉJÀ DEMAIN ...


Hier, presque jour pour jour, la Médiathèque soufflait trente années de service public autour de la lecture et de ses médias. Pour l'ouverture de ces festivités, c'était la fête retrouvée sur le parvis de la médiathèque.
Concert de jazz-samba aux accents brésiliens avec les "Vendanges tardives ", humour et sensibilité avec le Badaboum Théâtre et soirée Astor Piazzola pour prolonger les discours du directeur de la Médiathèque, Jean-Luc Albert qui a pris la parole au nom de la Médiathèque.
Le maire, Laurent Belsola, revenait sur toutes ses années au service de la lecture, des port de boucains et des port de boucaines, toutes générations confondues. "Je vous souhaite des avancées sociales pour travailler moins pour lire plus" concluait le maire. ( discours ci-joint)
Allocution 30 ans de la Médiathèque / Mercredi 9 juin 2021
Mesdames,
Messieurs,
On dit qu’il y a autant « d’Hamlet » que de liseurs, autant de « Robinson Crusoé », de « Jean Valjean » et de « Gaston Lagaffe » que de lecteurs…, qu’il y autant de « Pierre et le loup » que de chefs d’orchestres, autant de « Figaro » et de « Let it be » que de mélomanes. Alors, l’enfant fait son tour du monde en 80 jours sur un coin de table, l’adolescent réinvente l’amour en écumant les jours, l’adolescente se libère à jamais des servitudes de la condition dite féminine, le salarié s’empare d’un autre monde possible…
À travers la culture en général et la lecture en particulier, il y a mille et une façons d’approcher la vie, de quitter son monde par une porte pour mieux le réinvestir par une autre.
C’est ainsi qu’il y a trente ans, dans une ville populaire, au cœur d’une cité ouvrière, la Municipalité conduite par Michel Vaxès poursuivait la politique culturelle initiée par l’équipe de René Rieubon en inaugurant la Médiathèque Boris Vian le 29 juin 1991.
Je suis persuadé que les plus anciens se souviennent des rayonnages de la rue Charles Nédélec, témoins de la détermination politique à mettre la culture au service des port de boucaines et des port de boucains. Marie Pierre Thomas décrirait mieux que moi cette enfilade de livres qui préfigurait, modestement les 1734 M2 de la Médiathèque Boris
Vian.
- Ici, « ce carrefour de tous les rêves de l’Humanité » comme l’écrivain Julien Green qualifie les bibliothèques, a pris forme sous le crayon de l’architecte Émile Pamart et s’est enrichi au fil des années d’un inventaire d’actions à la Prévert : « paroles de femmes », « cafés – lecture », « lectures – spectacles », « cahiers de la mémoire », « festival histoire et littérature », « Rencontres d'Averroès décentralisées », Rêves de science », « carnets de voyages », « Écopolis », « documentations sociales », « l’heure du Comte, de l’éveil musical », « ateliers d’écriture, expositions, concerts, , spectacles, initiatives intra-muros et actions hors les murs… et je dois en oublier, tant la Médiathèque est plurielle.
Oui, plusieurs opérations pour faciliter la langue, la lecture, l’écriture et plus généralement pour ouvrir d’autres horizons et pour visiter et revisiter les idées ont émaillés la vie locale.
Que les pensées émanent des gens d’ici, des écoliers, des jeunes, des retraités, des syndicalistes, des demandeurs d’emplois, des gens qui savent lire et des gens qui ne savent pas, des ceux qui osent prendre la parole et de ceux qui n’osent pas… Que les paroles soient celles des écrivains, des poètes, des philosophes, des compositeurs, des comédiens… ici, les mots sont dits pour rêver, pour être partagés, pour grandir ensemble et pour élargir le monde dans un nouvel élan. ET ceux d’Alain Badiou, de Luis Sepulveda, de Yasmina Kadra pour n’en citer que quelques-uns restent gravés dans tellement de mémoires. Pour plusieurs jeunes port de boucains, il y a eu aussi un moment extrêmement fort, je veux parler de la rencontre avec Lucie Aubrac, venue témoigner humblement de son engagement et nous redire que « résister c’est créer, que résister c’est exister »
Ici, les mots se conjuguent à tous les temps, traversent les manuscrits, l’imprimerie, l’image, les vinyles, les CD, les CD-ROM, les clés USB, le numérique, Internet. L’apprentissage des mots est un service public sous toutes les formes possibles et évolutives. Toutes les méthodes sont bonnes pour combattre l’illettrisme, pour pouvoir maîtriser la langue française, pour braver les inégalités sociales, pour combattre la fracture numérique, pour susciter l’appétit d’apprendre toujours plus, de s’interroger toujours mieux.
Depuis 30 ans, la Médiathèque et ses évolutions technologiques sont au centre des missions du service public. Avec l’association des Amis de la Médiathèque, avec le personnel et avec les usagers, nous l’organisons et la réorganisons pour qu’elle soit garante de la lecture publique, pour que le progrès social ne soit pas l’outil d’une seule caste, mais devienne dans les intentions et dans les actes un outil partagé. La lecture est pour l’âme ce que le pain est pour le corps, une nourriture indispensable. Elle ne peut pas être accessible aux uns et interdite aux autres pour des raisons financières.
Non seulement elle doit être gratuite, mais il nous faut gagner chaque jour de nouveaux lecteurs, provoquer des envies d’émancipation, des envies d’ouverture.
Nous vivons des heures singulières où les inégalités se multiplient, où certains veulent marchandiser l’art et taire la voix de la culture. Nos enfants habitent un pays où BFM obéit aux ordres étatiques pour leur injecter une pensée unique et les inciter au repli sur soi. Dans ces conditions, révéler le goût de la lecture et de la culture s’avère une performance complexe. L’action culturelle menée à travers toutes nos structures culturelles, dont la Médiathèque, est un levier de résistance fondamental. Depuis plus de 20 ans nous mettons, et je rends hommage à Patricia Pédinielli fortement impliquée dans cette dynamique, nous mettons du personnel à disposition des écoles communales pour favoriser l’environnement lecture au cœur du cursus scolaire.
La Médiathèque développe des interventions hors de ses murs, comme ses journées livres sur la plage, comme ses interventions actuelles dans les centres sociaux à la découverte de Victor Hugo. Elle active son partenariat avec le cinéma le Méliès autour du festival des Jetées maritimes, la semaine prochaine, elle sera également présente au sein du festival Un autre monde est possible.
30 ans après, la médiathèque étend ses livres et ses supports multimédia partout dans une dynamique de partage et d’ouverture … Je voudrais remercier en votre nom, au nom de tous les port de boucains, petits et grands, qui ont passé, qui passent et qui passeront, des heures et des heures à se nourrir ici, je voudrais remercier l’ensemble du personnel de cette île aux trésors, successivement regroupé autour de Marie Pierre Serres Thomas, d’Anne Marie Sabatier et de Jean Luc Albert. Deux directrices et un directeur qui ont accompagné les orientations culturelles et les valeurs d’éducation populaire portées par les équipes de Michel Vaxès, de Patricia Pédinielli et aujourd’hui par notre équipe.
Mesdames et Messieurs, chers amis
Je vous souhaite à toutes et tous des avancées sociales qui nous permettent de travailler moins pour lire plus.
Je vous remercie de votre attention.